Une culture politique du n’importe quoi.

L’autre soir, j’ai capté brièvement “On n’est pas couché”, une émission télévisée que j’aime assez bien. J’ai eu juste le temps d’entendre un des hommes les plus durables de la vie politique francaise de gauche dire à peu près ceci:

Le “big business” américain c’est arrangé pour désindustrialiser l’Amérique.

L’auteur de cette déclaration péremptoire: Jean-Pierre Chevènement, un socialiste qui n’a pas la réputation d’un extrémiste, il me semble.

Deux gros problèmes en une seule petite phrase:

1 On ne voit pas très bien comment cette abstraction; “big business américain” se serait arrangé pour effectuer quoi que ce soit de cette manière volontariste. Comment s’y prennent-ils au juste? Ils tiennent des réunions dans une arrière-salle de café en pendant un écriteau à la porte:

Big Business Only – No Admittance for Medimum-Size and Small Businesses” ? Et si ce n’est pas la cas, le big business n’aurait -il pas été surpris en flagrant délit de désindustrialisation criminelle? Les syndicats n’auraient-ils pas gueulécomme des putois; personne ne se serait plaint? Et ce projet obscène auraitéchappé à la censure des élections? (Ou bien, les élections americaines sont-elles toutes plus ou moins truquées?)

Le propos de Monsieur Chevènement ne veut litéralement rien dire. Ou plutôt si, il signifie quelquechose au second degré. C’est le genre de conte de monstres dont on se servait jadis pour forcer les enfants à rester dans leurs lits: “La-bas, plus loin, dans les collines, y’a le Grand Méchant Loup. Restez bien au chaud les petits.”

2 Ce n’est pas vrai. L’Amérique n’est pas désindustrialisée du tout. En fait, la production manufacturière américaine a atteind son niveau le plus haut l’année dernière (ou l’année d’avant, peu importe). C’est vrai qu’on fabrique ici moins de crayons et moins de pièges à rat qu’il y a quinze ans. Quel malheur! C’est un autre sujet, il vaut d’en parler. Il vaut plus qu’un phrase simpliste jettée à la sauvette.

Les Français sont soumis par leur gauche politique à un régime constant de bêtises sans liens avec la réalité, un réalité aujourd’hui pourtant facilement vérifiable grâce à l’Internet. M. Chevènement, par exemple, continue à dire n’importe quoi, comme si les faits n’étaient pas devenus beaucoup plus accessibles qu’au temps de sa jeunesse militante. Je me demande pourquoi les grandes publications francaise, à commencer par Le Monde, ne mettent que si rarement la pendule a l’heure. J’ai souvent l’impression, de loin, que les Français se soucient peu de la réalité.