Francophonie et connerie

Comme c’est souvent le cas le soir, je lézarde devant TV5, la chaîne francophone internationale. C’est l’heure du journal télévisé. L’annonceur, francais selon sa diction, annonce gravement que ce jour est l’anniversaire de la mort des époux Rosenberg, exécutés en 1953 “parce qu’ils étaient Communistes”. Comme, à cette époque, il y avait au moins 100 000 Communistes aux Eats-Unis, ces deux-là n’auraient vraiment pas eu de chance!

Un autre jour, je regarde un documentaire français: “Gharjuwa, épouse de la vallée.”  C’est sur une ethnie népalaise qui pratique la polyandrie: une femme, plusieurs maris. Le sujet est intrinsèquement intéressant, Et puis, le fait que la femme polygame ait le gros sourire aux lèvres tout le long de l’interview confirme pas mal de mes à-priori sur ce qui rend les femmes heureuses, en fin de compte! (Ce n’est pas sorcier.) Et puis, le tout se passe dans un environnement montagneux magnifique. Comme c’est le cas pour la plupart des documentaires français que je connais, la photo est excellente.

L’une des tâches de la femme polygame est de préparer la bière. Une voix masculine dit le commentaire en Français. Soyons francs: je ne sais pas si c’est le commentateur qui a rédigé le texte. En tous cas, il nous avise de ce qu’au Népal, la bière ménagère se prépare en faisant “cuire ensemble” une céréale (ou plusieurs; maïs ou blé noir, ou les deux, je ne suis pas sûr) et de la levure. Je fais un retour en arrière mental. C’est bien ce qu’il a dit. Mais, la levure, c’est ce qui transforme les sucres des céréales en alcool et en CO2. Mais la levure se compose d’organisme vivants qui trépassent vite à la chaleur. Pas question de la faire cuire avant qu’elle ait fait son travail. Ou alors, on a de la bouillie plutôt que de la bière. La description qu’on nous donne  est donc aussi fausse qu’absurde.

A priori, selon son accent et sa diction, le commentateur est français ou belge. Il vient donc d’un pays célébré dans le monde entier pour ses vins et aussi pour ses bières, ou alors, massivement, seulement pour ses bières. Des pays respectés aussi pour la supériorite de leur boulangerie et de leurs pâtisseries levées. Vins, bières, pains, pâtisseries exigent la maîtrise des levures. Comment peut-on être aussi ignorant d’une partie aussi importante de sa culture materiélle pourtant séculaire? Et puis, je sais bien qu’en principe, l’ignorance et la connerie sont des choses différentes. Pourtant, il y a des cas où on a du mal a distinguer l’une de l’autre. Je me demande comment on peut avoir été élevé dans la culture française ou la culture belge et être si profondément mal informé, à moins d’être également stupide.

Mais j’éprouve aussi de l’indignation comme ainsi dire au second degré: Comment les public francais et autres francophones peuvent-ils laisser passer de telles manifestations d’ignardise grossière sans se plaindre, sans réagir? Le fait est courant, répandu selon mon usage de l’éventail, il est vrai limité, de media francophones à ma disposition. J’ai d’ailleurs inventé la formule suivante, (en Anglais) : “Si vous voulez apprendre rapidement quelquechose de faux, suivez simplement les cinq premières minutes d’un documentaire en Français!”

J’ai du mal à souscrire à l’idee que la langue francaiss, la langue de Diderot, serait intrinsèquement porteuse d’insouciance vis-à-vis de la vérité toute simple bien que cela ne soit pas complètement impossible.

Je m’interroge donc sur les possible causes sociologique de ce qui me paraît plus qu’un accident. Je veux parler de l’apparente indifférence aux faits associée à l’usage de la langue française contemporaine. Je ne sais pas s’il s’agit vraiment d’ un phénomène culturel en profondeur: Les faussetés ne dérangent simplement pas beaucoup les Francais. (Il me semble, subjectivement, que les autres francophones, Canadiens, et Belges, par exemple, sont moins coupables.) Je me demande si les causes des ces frequentes débâcles factuelles sont plus tortueuses et donc, moins directement culturelles:

“France 2 fait un documentaires sur les Népalaise à plusieurs maris. C’est chouette. Je vais téléphoner à Robert pour lui demander s’il peut prendre mon neveu Charlot pour le narrer. Justement, en ce moment, il ne fait pas grandchose.”

De vraies questions. Toutes les réponse m’intéressent, celles provenant de France autant que celle émanant d’autres pays francophones. Ecrire à jdelacroixliberte@gmail.com.

Le beau et ignare documentaire en question sort de chez Atmosphère  Production  avec le concours du Centre national du cinéma. (“Evidemment”, j’ai envie de d’ajouter.)

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