L’administration Obama bat de l’aile

Après moins d’un an, l’administration Obama bat de l’aile. Il ne s’agit pas de l’endettement massif du pays qu’il a suscité car ses dimensions échappent au commun des mortels. Il ne s’agit pas non plus principalement du chômage de 10%, pourtant inhabituel aux Etats-Unis, et encore moins des tergiversations du Président sur l’engagement militaire en Afghanistan. Mêmedeux attentats terroristes en deux mois pèsent assez peu dans la balance, à mon avis.

La tentative de réforme de la santé par un parlement à grossemajorité Démocrate et par le Président sont au coeur dudésenchantement vis-à-vis de ce dernier. De plus en plus de politiciens Démocrates ont deja choisi de ne pas se représenter en Novembre car ils sentent bien la colère montante des électeurs. Une commentatrice du Wall Street Journal parle de “la victoire catastrophique” d’Obama sur ce plan.

Pourquoi cette querelle interne devrait-elle intéresser lesétrangers? La raison est simple: Le secteur santé recouvre 17% du PNB américain. Il atteindra 20% prochainement. Or, et contrairement a une impression répandue, l’Amérique, même enétat de crise, demeure la locomotive de l’économie mondiale. Il n’y a pas de solution de rechange. Le PNB de la Chine, par exemple demeure de plus de quatre fois inférieur au PNBaméricain. Quand l’Amérique a la migraine, le reste du monde s’allite.

L’opposition au projet de reforme de la santé Démocate se situeà deux niveaux. Il y a d’abord les gens comme moi, les conservateurs, qui sont contre depuis le début pour des raisonsà la fois constitutionelles et pratiques. La santé n’est pas du ressort du gouvernment en général, et absolument pas du ressort de l’état féderal. Les conservateurs détestent l’expansion des pouvoirs fédéraux. De plus, il n’ y a aucune raison d’avoir confiance en la competence de l’état féderal.On le voit mal prendre en main presqu’un un cinquième de l’économienationale alors qu’il n’est jamais parvenu à faire rouler les trains dont il a pris le contrôle il y a vingt ans.

La second opposition, grandissante, est plus intéressante. Beaucoup de sans-partis, et de plus en plus de Démocrates,haïssent la procéedure choisie par l’administration Obama et sesalliées au parlement. Obama avait promis un gouvernenemnt de transparence. Il s’était engagé à placer tous les grand débatssur la télevision publique. Au lieu de quoi, la formulation finale du projet de loi est en train de se faire a huis-clos, entre les haut dirigeants Democrates de la Chambre et ceux du Sénat. L’ensemble des élus Democrates n’y a pas accès; aucun membre de l’opposition Républicaine n’est invité ou consulté. Comme le projet de loi de la Chambre et celui du Sénat font plus de deux mille pages chacun, il est à peu près certain que personne ne les a lu, pas une seule personne.

Ce processus secret n’est pas à proprement parler illégal mais il est dramatiquement contraire aux moeurs politiquesaméricaines.

Tous les sondages s’accordent: Aujourd’hui, s’il y avait referendum à la majorité, le projet de réforme de la santé seraitenterré. Le viol cynique par l’administration Obama des voeux de la majorité exprimée n’est pas encore le fascisme mais on s’en rapproche à un point que je n’ai jamais vu en quarante ans dans ce pays.

© Jacques Delacroix

[Editor’s note: this essay first appeared on Dr. Delacroix’s blog, Facts Matter, on January 9th 2010]

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